Interview de Catherine Lauvaux : les feux de forêts
Feux de forêt : une modélisation pour comprendre l’évolution des forêts et prédire les risques
Présentation de Catherine Lauvaux
Catherine Lauvaux est ingénieure de recherche à l’Université Reims Champagne Ardenne, entre le GSMA/AEROLAB et le CERFE.
Sa spécialité : les effets des perturbations naturelles et anthropiques, telles que les feux, sur la dynamique de la végétation. En Argonne, avec ses partenaires, elle adopte une perspective historique pour documenter et comprendre l'histoire des feux et ses effets.
Son objectif : comprendre le risque actuel et prédire le risque futur de feux de forêt à l'aide de la modélisation. Elle examine les liens entre la résilience accrue aux feux et la biodiversité, ainsi que les effets de la résilience aux feux sur la résilience à d'autres facteurs de stress tels que les sécheresses et les maladies.
Aujourd’hui, elle souhaite s’appuyer sur une communauté au sein de la ZARG, et recueillir des données du terrain.
Interview
Quels sont les différents facteurs qui expliquent la montée en puissance de cette problématique « feux de forêt » en Argonne ?
L'écosystème forestier et les ressources forestières sont importants pour les habitants d'Argonne et pour l'économie locale. Notre objectif est d'étudier les moyens d'accroître la résilience des forêts face à des changements indésirables tels que les feux de forêt. Bien qu'il n'y ait actuellement pas de problème de feu en Argonne, nous pouvons nous attendre à ce que le risque de feu de forêt continue d'augmenter.
Les causes reposent sur plusieurs facteurs en interaction, notamment des événements météorologiques plus fréquents et plus extrêmes, y compris des sécheresses et des températures élevées liées au changement climatique. Les conditions météorologiques influencent l'inflammabilité des forêts et le comportement des feux. Sur de longues périodes, les pratiques de gestion forestière qui déterminent les espèces d'arbres et la densité de la forêt influencent le risque de feu.
Dans cette région, la plupart des feux sont déclenchés par des humains, généralement par accident. Le comportement humain a donc une incidence sur le risque. Par exemple, il peut y avoir plus de maisons entourées de forêts que par le passé. Les visiteurs qui viennent profiter de la forêt mais ne connaissent pas les risques de feu peuvent avoir une incidence sur le potentiel de feu.
A quel titre êtes vous impliquée dans cette problématique de feux de forêts ? Pouvez-vous expliciter vos missions et le rôle de votre organisme tutelle dans ce domaine précis ?
Je travaille comme ingénieure de recherche à l’Université Reims Champagne Ardenne, entre le GSMA/AEROLAB et le CERFE. Par formation, je suis une écologiste de la forêt dont le travail se concentre sur les effets des perturbations naturelles et anthropiques, telles que les feux, sur la dynamique de la végétation. En Argonne, avec mes partenaires, je commence par adopter une perspective historique pour documenter et comprendre :
- L'histoire des feux ;
- Le lien avec le climat dans la région ;
- Les effets de l'histoire de l'utilisation des terres sur les changements forestiers.
Nous voulons comprendre le risque actuel et prédire le risque futur de feux de forêt à l'aide de la modélisation. Nous souhaitons examiner les liens entre la résilience accrue aux feux et la biodiversité, ainsi que les effets de la résilience aux feux sur la résilience à d'autres facteurs de stress tels que les sécheresses et les maladies.
Qu’attendriez-vous de la ZARG, pourrait-elle vous appuyer d’une façon particulière ? Est-ce qu’une démarche participative de la part des habitants de l’Argonne serait un plus pour lutter contre ces feux ? Si oui, de quelle manière ?
Nous allons nous appuyer sur la ZARG pour, dans un premier temps, entrer en contact avec les acteurs (ONF, propriétaires) et les habitants du territoire. Les travaux pourront ensuite participer à la connaissance générale du territoire de la ZARG et en orienter les pratiques forestières. L'engagement des citoyens dans la protection de la forêt est précieux. Le respect des règles et des fermetures destinées à protéger la forêt pendant les périodes à haut risque est essentiel.
Une partie importante des terres boisées appartient à des particuliers. Les propriétaires privés pourraient consulter les ressources disponibles sur les actions de gestion forestière pour accroître la résilience.
Pour l'étude historique, si les gens ont de vieilles photos de la forêt, avant 1950, celles-ci pourraient être très utiles.
Illustrations :
- Photo n°1 : Feu de forêt (libre de droits)
- Photo n°2 : Forêt d'Argonne, à préserver ! (Crédit Corinne Lescaudron-Wartelle)