La Zone Atelier Arc Jurassien: une ZA de moyenne montagne très intéressante à découvrir
Cet article contribue à une série spéciale de focus consacrés aux autres ZA du réseau, car il nous est apparu intéressant que les acteurs de la ZARG puissent percevoir toute la diversité des zones atelier dans l’hexagone !
La Zone Atelier Arc Jurassien (ZAAJ) est une ZA de moyenne montagne dont la particularité est d’inclure la zone de production du Comté, mais également une diversité importante de milieux naturels (forêts, prairies, tourbières…). Elle entretient un partenariat durable avec l’Université de Neuchâtel en Suisse, ce qui lui a permis de renforcer les travaux portants sur l’agriculture, et notamment l’impact des pesticides sur l’environnement.
Objectifs
Les objectifs scientifiques de la ZAAJ s’articulent autour de 4 grandes questions scientifiques :
- Quelles sont les réponses des systèmes écologiques régionaux aux changements environnementaux locaux et globaux, notamment dans leurs racines historiques et leur développement futur sur le temps long ? Les travaux portant sur les archives sédimentaires dans le massif du Jura (tourbières à sphaignes et sédiments lacustres) sont complétés par des fouilles archéologiques. Celles-ci permettent de poursuivre l’acquisition d’informations sur le temps long sur les environnements passés et sur l’intensité des activités humaines. C’est par exemple le cas des travaux menés en milieu forestier sur la dynamique d’occupation des forêts du Jura depuis la période médiévale. Les observatoires de la ZAAJ favorisent le croisement entre des suivis physico-chimiques, des données d’évolution observées ou reconstruites des biocénoses et des informations archéologiques et historiques permettant de décrire les occupations et les pratiques humaines.
- Comment s’organisent les liens complexes entre les activités humaines et la santé des écosystèmes et des hommes ? Ces recherches portent sur les relations entre environnement et santé. En plus des travaux de recherches sur l’échinococcose alvéolaire, des focus particuliers sont par exemple réalisés sur la santé des rapaces ou sur les pathogènes des zones humides. En zones urbaines, plusieurs travaux de thèses ont été consacrés à l’impact de la pollution de l’air sur des pathologies humaines ou sur la problématique des sols pollués par les activités industrielles. L’étude sur l’état écologique de la rivière Loue a été largement diffusée auprès des médias nationaux.
- Comment l’environnement et les usages des territoires influencent-ils la qualité des aliments au sein d’un espace de moyenne montagne ? Cette question a été traitée via un projet sur le lien entre la biodiversité végétale et microbienne des prairies et la qualité du Comté. Cette étude a permis de mettre en évidence l’impact de l’intensification de la production laitière et donc de l’augmentation de la fertilisation des pâturages sur les interactions entre les communautés microbiennes et végétales de l’écosystème prairial.
- Quels sont les outils économiques pour amener à de meilleures pratiques environnementales en milieu de moyenne montagne ? Cet axe scientifique permet de mieux faire connaître les problématiques et les méthodes des sciences économiques au sein des équipes de recherche. Il a conduit à la mise en place de collaborations entre chercheurs en écologie et en économie sur des problématiques agricoles, telles que la taxation pigouvienne (destinée à internaliser le coût social des activités économiques, notamment en ce qui concerne la pollution), les politiques d’incitation à la conversion agrobiologique, ou liées à l’économie du carbone en tourbières.
Acteurs de la ZA Arc Jurasssien
Ses principaux membres et partenaires sont des laboratoires, plus particulièrement des Unités Mixtes de recherche de l’Université de Franche Comté et du CNRS, avec des écologues, géographes mais aussi philosophes, économistes et anthropologues. Le Laboratoire Chrono-Environnement en est le porteur.
Toutefois, cette ZA associe aussi d’autres universités telles que AgroSup de Dijon et l’Université de Neufchâtel en Suisse. Le partenariat avec cette université s’est fortement renforcé depuis deux ans même s’il existe depuis longtemps (partage de données entre chercheurs français et suisses depuis quinze ans).
De nombreux partenaires non universitaires sont également impliqués dans les recherches. Parmi eux, figurent des collectivités territoriales (Communauté de Commune du Bassin de Drugeon, Parc Naturel régional du Haut-Jura), des Conservatoires et Réserves Naturelles (Conservatoire Botanique National de Franche-Comté, Réserve Naturelle du Lac de Remoray), des Comités interprofessionnels (celui du Gruyère,…), des Fédérations de chasse, des associations environnementales (Ligue de Protection des Oiseaux, France Nature Environnement 25, etc.), des Services de l’Etat (ONF, INAO de Poligny, etc.).
Un exemple de projet représentatif de la ZAAJ
Le programme de science collaborative CAmpagnols-REnards-LIèvres (CARELI) consiste en un suivi à long terme très ambitieux des socio-écosystèmes jurassien par un consortium de chercheurs et de membres du tiers secteur de la recherche, qui a débuté en 2020 avec la mise place d’un dispositif d’observation à long terme pour répondre à la question : Quels sont les effets éventuels de la « protection » du renard comparés à son classement comme “ espèce susceptible d’occasionner des dégâts (ESOD) » ?
Il s’agit de comparer les effets d’une différence de statut (espèce « protégée » comparée à « chassable et inscrite dans la liste des organismes susceptibles d’occasionner des dégâts ») sur:
- les populations de campagnols prairiaux;
- les populations de lièvre;
- la contamination du milieu par l’échinocoque alvéolaire;
- les dégâts aux élevages avicoles (poulaillers, etc.);
- d’autres espèces et événements mesurables (espèces d’oiseaux nicheuses au sol, dégâts dans les exploitations agricoles, etc.).
À terme ultime, ce programme vise à fournir un modèle de gestion relatif aux socio-écosystèmes multifonctionnels et à inspirer, au niveau national, une nouvelle forme d’approche collaborative de la gestion des populations animales et de la biodiversité.
Liens entre la ZAJ et la ZARG
Historiquement, des travaux ont été menés par le CERFE et ESCAPE sur la dynamique de transmission de parasites dans les Ardennes, notamment Echinococcus multilocularis, agent parasitaire responsable chez l'homme de l'Echinococcose alvéoalaire, en partenariat avec d’autres équipes.
Aujourd’hui, la ZARG s’est rapprochée de la ZAJ et du laboratoire Chrono-environnement pour valoriser la zone humide et la tourbière de Germont au sein des réseaux d’observatoires des tourbières existant.
Conclusion :
De nombreux autres projets auraient pu être également présentés, mais le format de ce type d’article ne suffirait pas ! Nous vous invitons donc à aller visiter le site de cette ZA de moyenne montagne pour découvrir de façon plus approfondie une des grandes sœurs francomtoises de nos ZA du Grand Est (https://zaaj.univ-fcomte.fr/ )
Contacts:
- Hélène CELLE (helene.celle@univ-fcomte.fr), Laboratoire Chrono-Environnement, UMR CNRS 6249 / Université de Franche-Comté, Directrice de la ZA Arc Jurassien
- Daniel GILBERT (daniel.gilbert@univ-fcomte.fr), Laboratoire Chrono-Environnement, UMR CNRS 6249 / Université de Franche-Comté, CoDirecteur de la ZA Arc Jurassien
- ZA Arc Jurassien (zaaj@univ-fcomte.fr)
Crédit photo:
Territoire de la ZAAJ avec se différents sites ateliers (crédit : ZAAJ)