Les chevreuils au cœur du projet Phytofaune
L’environnement subit une pression phytosanitaire à des degrés différents selon la période de l’année et les traitements effectués. La faune sauvage, et plus particulièrement le gibier, fréquente ces espaces et peut, au travers de son alimentation, être exposée aux pesticides et éléments traces métalliques (ETM). Le gibier joue alors un rôle de sentinelle pouvant traduire l’état de contamination de l’environnement, mais il peut également représenter un risque sanitaire en exposant les consommateurs de gibier à ces contaminants. Le projet Phytofaune a permis d’explorer cette double problématique sur deux types d’habitat : la plaine agricole, avec des grandes cultures présentant une forte pression phytosanitaire ; et la forêt, a priori plus préservée, mais pouvant également recevoir directement des traitements ou indirectement ceux de la plaine agricole via les émissions atmosphériques.
Dans le cadre du projet Phytofaune, le chevreuil a été ciblé car il présente une aire territoriale d’une cinquantaine d’hectares en forêt et d’environ 150 ha en plaine, et pour lequel la période de chasse correspond à la période de différents traitements phytosanitaires des parcelles en automne. Des échantillons de foie (tissu accumulateur) et muscle (tissu le plus consommé) ont été prélevés sur dix chevreuils, cinq en plaine et cinq en forêt, avec la participation des chasseurs (FDC08 et FDC51), afin d’y déterminer les teneurs en contaminants. Aucune différence significative de contamination des foies entre les chevreuils de plaine et de forêt n’a été mise en évidence pour trois ETM (Cr, Ni, Cu), alors que la concentration en zinc était supérieure en forêt (110 vs 95 mg/kg de poids frais), et que celle en cadmium présentait une tendance dans le même sens (1,8 vs 0,3 mg/kg de poids frais ; P=0,11). A l’inverse, la concentration en plomb était supérieure en plaine (0,85 vs 0,74 mg/kg de poids frais). Enfin, le mercure n’a été détecté dans aucun échantillon. Concernant les produits phytosanitaires, la majorité des pesticides recherchés n’a pas été détectée. Seuls quelques pesticides apparaissent sous forme de traces, soit dans le foie (par ex. heptachlore et oxychlordane), soit dans les deux tissus (par ex. pyridalyle). Au niveau du type d’habitat, certains composés n’ont été détectés que dans les échantillons de plaine (cyperméthrine, fenpropidine) ou de forêt (piperonyl butoxide, pyridalyle).
Ces résultats préliminaires nécessitent d’être approfondis dans le cadre d’un projet de plus grande ampleur avec un plus grand nombre d’individus, tout en suivant leurs déplacements pour connaître plus précisément les zones fréquentées et le type d’alimentation ingérée.
Contacts :
Agnès Fournier
Claire Collas
Stefan Jurjanz
Cyril Feidt †
URAFPA – Université de Lorraine, INRAE
Rémi Helder
CERFE – Université de Reims Champagne-Ardenne
Emmanuel Guillon
Stéphanie Sayen
ICMR UMR CNRS-URCA 7312 – Université de Reims Champagne-Ardenne
Photos : légendes et crédits
-> Chevreuil en forêt (crédit : Pixabay)
-> Chevreuil en plaine (crédit : Pixabay)