Les scientifiques à la recherche de tiques et maladies à tiques
Restitution publique des travaux de Nathalie Boulanger (volet biologique de l'étude des tiques et maladies à tiques)
Le 30 juin 2023, la Pr. Nathalie Boulanger a présenté à Belval Bois des Dames les derniers résultats de son étude menée en 2021/2022, avec le soutien de la ZARG, sur les tiques et maladies à tiques. Cette restitution a permis de clarifier certaines idées reçues et d’améliorer nos connaissances sur le sujet.
Dans l’Argonne, deux genres de tiques sont principalement représentés : Ixodes et Dermacentor.
L’espèce la plus commune, Ixodes ricinus est très sensible à la chaleur, a son pic d’activité en avril-juin et fait une pause hivernale. Elle vit surtout dans les forêts mixtes, sur la végétation basse. Ses principales espèces hôtes appartiennent à la faune sauvage : cervidés, rongeurs et oiseaux. On les reconnaît à l’écusson noir qu’elles portent, caractéristique des nymphes (2ème stade de développement) qui piquent majoritairement au niveau des membres inférieurs. Dans 1 à 4% des cas, la piqûre d’Ixodes ricinus peut entraîner la maladie de Lyme.
Les autres tiques, du genre Dermacentor, tolèrent des températures plus froides. Leur pic d’activité se situe au printemps mais elles peuvent aussi être actives en hiver. Elles vivent dans les terrains en friche, en zone urbaine et périurbaine. Elles sont en expansion. Leurs hôtes sont principalement les sangliers mais elles se nourrissent également sur les animaux domestiques (chien et cheval). Plus grosses que l’espèce Ixodes ricinus, les tiques du genre Dermacentor ont un abdomen marbré. Ce sont essentiellement les femelles qui piquent notamment dans le cuir chevelu.
Ces deux genres de tiques vivent 2 à 3 ans et peuvent cohabiter dans les mêmes écosystèmes et sur les mêmes hôtes pendant leurs périodes d’activité. Les pratiques cynégétiques, sylvicoles et agricoles ont un impact sur les populations de tiques et la circulation des pathogènes qu’elles transmettent.
En conclusion, cette étude invite à renforcer l’approche multidisciplinaire intégrée, voire à repenser la gestion de la biodiversité dans le contexte « Une seule Santé », celle des écosystèmes, des animaux et des humains étant interdépendantes.
Perspectives 2023 : collectes complémentaires de tiques dans le Domaine de Belval-Bois-des-Dames ; sensibilisation du public, des médecins et pharmaciens ; travail avec les chasseurs et les forestiers.
Article adapté de la restitution du projet de recherche tiques et maladies à tiques présentée par Nathalie Boulanger, professeure de parasitologie à l’Université de Strasbourg et entomologiste médicale (référente Lyme) au CHRU de Strasbourg, et Marie Lazarine Poulle, ingénieure de recherche au CERFE (URCA). L’étude a été réalisée avec la contribution des professionnels de santé, des acteurs de la société civile et du territoire.
Autrices : Françoise Lorinet et Danielle Joudrier, Association Argonne PNR
Contacts :
Nathalie Boulanger, VBP - Borrelia
Association Argonne PNR
Illustration :
- Photographie d'un Dermacentor mâle (Crédit photo Nathalie Boulanger)