Les tiques en Argonne
Comme promis dans le n°1 de «La ZARG et nous», voici un premier retour de l’étude 2021-2022 sur les tiques et les maladies à tiques en Argonne.
Les tiques en Argonne : densité et portage de pathogènes
Les tiques ont besoin de se nourrir de sang pour se développer. Sans repas sanguin, elles ne peuvent passer de l’état de larve à celui de nymphe puis d’adulte. De plus, les femelles adultes ne peuvent pondre sans un nouveau repas sanguin, beaucoup plus copieux que les deux précédents. On l’aura donc compris : les tiques dépendent du sang de leurs hôtes. Pour le prélever, elles se mettent en affût sur la végétation et s’accrochent aux animaux qui passent à leur portée. Pour les larves et nymphes, il s’agit généralement de petits mammifères et oiseaux, tandis que les femelles adultes se nourrissent principalement sur des cervidés, notamment des chevreuils.
L’Humain est considéré comme un hôte accidentel. Il est le plus souvent piqué par les nymphes, plus abondantes que les adultes dans l’environnement et passant souvent inaperçues sur la peau du fait de leur petite taille (2 à 3 mm). Larves, nymphes et adultes sont présentes dans la litière du sol. Adultes et nymphes peuvent transmettre des bactéries à leurs hôtes, dont certaines à l’origine de zoonoses. La tique Ixodes ricinus, surtout active de mars à juin, est la principale vectrice de la bactérie Borrelia burgdorferi sensu lato responsable de la maladie de Lyme.
L’Argonne, par la diversité de ses paysages et la richesse de sa biodiversité, offre un environnement propice à la tique Ixodes ricinus. Un des objectifs de l’étude pluridisciplinaire sur les tiques et maladies à tiques conduite en Argonne est d’estimer la densité de cette tique dans différents types d’habitats et de documenter son portage de bactéries responsables de zoonoses. Nathalie Boulanger et Marie-Lazarine Poulle ont ainsi échantillonné les tiques dans plusieurs sites de l’Argonne, à quatre reprises au cours des printemps 2021 et 2022.
La méthode utilisée consiste à trainer sur la végétation un tissu éponge blanc d’1 m2. Les tiques présentes au sol et sur les herbes s’y accrochent, sont récupérées avec des pinces fines et mises en tubes. L’échantillonnage a été réalisé en forêt de Signy-l’Abbaye, sur 3 sites du domaine de Belval-Bois-des-Dames, sur le pourtour du marais de Germont et sur 2 sites de la réserve naturelle des étangs de Belval-en-Argonne. Des adultes, mais surtout des nymphes, ont été collectés sur chacun de ces sites mais en densités très variables de l’un à l’autre. Les nymphes ont été analysées en biologie moléculaire par l’équipe Borrelia de l’Université de Strasbourg pour la recherche de bactéries potentiellement pathogènes pour l’homme, dont B. burgdorferi s.l.
Une analyse préliminaire des résultats a fait l’objet d’un rapport de stage de Master 1 et d’un rapport de stage de Master 2. Des résultats complets seront présentés par Nathalie Boulanger lors de plusieurs réunions qu’elle animera en Argonne en 2023. Une publication scientifique est également en préparation.
Contacts
Nathalie Boulanger, Université de Strasbourg (UR7290) et Centre National de Référence Borrelia
Marie-Lazarine Poulle, Université de Reims Champagne Ardenne (URCA), EA 7510 ESCAPE & CERFE
Marie-Christine Jannin, Association Argonne PNR
Légende et crédits photos
- Étapes de l’analyse de tiques en biologie moléculaire (N. Boulanger, Unistra)