Millésime 2025 de l'Appel à projets ZARG
Le comité de pilotage scientifique de la ZARG s’est réuni le 22 novembre 2024. A cette occasion, les projets financés par l’appel à projets ZARG ont été sélectionnés.
Chaque année, le Comité de Pilotage Scientifique (COPS) de la ZARG se réunit en Novembre pour faire le point sur les programmes de recherche en cour sur la zone atelier et élire les projets lauréats à l’appel à projets annuel (AAP). Cet AAP a pour objectif de favoriser la mise en oeuvre d'études exploratoires sur la ZARG, pour initier des programmes de recherches sur le long terme. Le COPS se compose d’un·e représentant·e de chaque unité de recherche membre de la ZARG, ainsi que des représentants d’organismes partenaires nominativement invités. Chaque organisme ou unité détient une voix pour le vote des projets sélectionnés pour l’AAP.
Pour la deuxième année consécutive, deux niveaux de financement étaient proposés par l'AAP:
- le premier niveau incitatif, pour un financement à hauteur de 5 000 €;
- le deuxième niveau structurant, pour un financement à hauteur de 25 000 €.
Au total, quatre projets ont été sémectionnés. Le projet POLAR a reçu le financement de 25 000 €, et pour un soutien à 5 000 €, ce sont les trois projets AUPOIL, ERIZOM et ELSA qui ont été sélectionnés. Petite présentations des projets !
Projet POLAR
POLAR est un projet reposant notamment sur la palynologie. Cette discipline scientifique étudie les pollens piégés dans les couches sédimentaires, afin de retracer les variations de l’environnement végétal sur le temps long. Ces variations sont liées aux changements climatiques et à l’intervention humaine sur le milieu naturel.
L’objectif de POLAR est de reconstituer les paléopaysages de l’Argonne et de la vallée de la Bar par analyses sédimentaires, palynologiques et par datations au carbone 14. Une telle réalisation représentera une avancée scientifique importante. L’élaboration d’une séquence complète et continue permettra de définir une reconstitution paléoenvironnementale de référence pour toute cette région, du milieu de plaine jusqu'au plateau du Nord et de l’Est de la France, depuis l’Allerød, de 13 800 avant notre ère jusqu’à nos jours.
La tourbière située sur le site atelier des marais de Germont-Buzancy est un site particulièrement propice à la reconstitution des paysages liés à la versatilité climatique de la période paléolitique de l’Holocène, et à la compréhension des modalités d’occupation humaine depuis la fin du Tardiglaciaire. En effet, une précédente étude a montré l’existence d’une séquence de sédimentation très régulière et sans lacune au coeur du marais.
Cette configuration rare mérite d’être approfondie. Ainsi, le projet P.OL.AR a trois objectifs:
- Améliorer la connaissance sur l’évolution paysagère dans la région Argonnaise par la reconstitution d’une séquence palynologique complète en milieu continental à partir de données sédimentaires issues du marais. Cette séquence sera datée par 14C;
- Connaitre l’évolution végétale et déterminer l’évolution de l’occupation humaine de la vallée de la Bar en déterminant la nature et l’évolution des différentes cultures pratiquées depuis le Néolithique;
- Caler des événements géomorphologiques comme les mouvements de terrain visibles dans la vallée de la Bar par rapport aux grandes évolutions climatiques de l’Holocène, déjà enregistrées à l’échelle du Bassin parisien ou à l’échelle régionale, à l’évolution de la couverture végétale et à l’anthropisation progressive des milieux.
POLAR va recevoir un soutien financier de 25000 euros de la part de la ZARG en 2025. Dans ce projet vont collaborer le l'UR 3795 - GEGENA de l'URCA et l’INRAP, deux équipes membres de la ZARG.
Contacts:
Olivier Lejeune, Université de Champagnes-Ardennes, GEGENA, URCA
Projet AUPOIL
L’objectif du projet AUPOIL est d’étudier la structuration spatiale de la contamination par les éléments traces métalliques des poils de chevreuils en fonction de variables environnementales.
Les poils des mammifères sont une matrice pertinente et non invasive pour étudier l’exposition des individus aux éléments traces métalliques (ETM). L’accumulation des ETM dans les poils de mammifères peut ainsi être considérée comme un indicateur de la contamination de l’environnement. Le chevreuil est un mammifère abondant sur le tout le territoire français, ubiquiste, et représente donc un bon modèle pour étudier la contamination de l’environnement dans différents habitats.
Le projet AUPOIL aura pour objectif de :
- Comparer la contamination en éléments traces métalliques (ETM) des poils de chevreuils issus de deux populations distinctes situées dans la Zone Atelier Pyrénées GARonne (ZAPYGAR) et dans la ZARG dans différents milieux : agricole, dominé par l’élevage, et forestier;
- Comparer la contamination des poils par des ETM en fonction de différents types de paysages;
- Etudier l’influence de la composition du paysage (forêts, cultures, prairies) et des cultures dans l’aire d’activité des chevreuils et des individus (âge, sexe).
Sur la ZARG, en milieu forestier et en bocage, les prélèvements seront effectués par la Fédération départemantale des Chasseurs des Ardennes sur des animaux tirés à la chasse. En milieu agricole, les prélèvements seront effectués sur des animaux capturés dans le cadre du programme METHAFAUNE, qui étudie entre autre choses, l'utilisation des cultures intermédiaires à vocation énergétique par les chevreuils. Pour la ZAPYGAR, les prélèvements ont déjà été effectués sur des chevreuils sauvages capturés dans différents milieux, forêts, grande culture et zones d’élevages).
Les concentrations des ETM dans les poils seront comparées en fonction du paysage au sein duquel vivent les individus, de leur âge et de leur sexe. Pour les individus capturés sur la ZAPYGAR et dans le cadre de METHAFAUNE, il sera possible d’utiliser les données de suivis GPS pour déterminer le paysage au sein de leur domaine vital. Pour les autres animaux tués à la chasse, une zone tampon sera dessinée autour de la localisation du tir pour définir le paysage autour de l’animal.
AUPOIL va recevoir un soutien financier de 5000 euros de la part de la ZARG en 2025. Ce projet inter-ZA s’inscrit dans une collaboration interau sein du GT10 Santé environnement du Réseau des Zones Ateliers.
Contact:
Stéphanie SAYEN, ICMR, URCA
Projet ERIZOM
Le projet ERIZOM s’inscrit dans le cadre des recherches en cours au niveau européen sur les parasites d’intérêt. La faune sauvage, et notamment les espèces exotiques envahissantes introduites sur le territoire, est responsable de l'émergence de maladies actuellement classées comme zoonotiques avec un risque de transmission aux animaux domestiques et à l’Homme.
Le nombre de cas d'infections zoonotiques est en constante augmentation. Les facteurs qui expliquent cette émergence sont notamment l’augmentation des déplacements humains, y compris entre les continents, la proximité de la faune sauvage avec les grands centres urbains qui s'étendent, et l'augmentation du nombre d'activités liées à la nature et les rencontres plus fréquentes entre la population humaine et la faune animale. Les animaux sauvages constituent un réservoir potentiel pour ces différents agents infectieux, et ont ainsi permis l'introduction de maladies jusqu'alors inconnues.
En France, de par sa localisation géographique, la région Grand Est représente un carrefour entre différents pays, par lequel transitent de nombreuses voies migratoires pour la faune sauvage (oiseaux ou mammifères), favorisant ainsi la circulation d’agents pathogènes. La ZARG représente une zone d’étude particulièrement intéressante du fait de la diversité de sa faune et de sa flore, et de sa faible densité de population favorisant les échanges et la libre circulation des espèces de la faune sauvage.
En tant qu’hôtes intermédiaires ou paraténiques*, les mollusques constituent un marqueur important de l’émergence ou de la circulation de ces parasites. Le projet vise donc :
- A isoler les parasites présents chez les hôtes intermédiaires (mollusques d’eau douce) dans les différents écosystèmes aquatiques de la ZARG :
- A identifier par une approche intégrative les espèces parasites présentes et déterminer celles présentant un risque zoonotique potentiel
- A comparer les espèces isolées chez ces mollusques avec celles connues chez les hôtes définitifs afin de comprendre leur circulation au sein de la ZARG, mais plus largement en France et en Europe.
ERIZOM va recevoir un soutien financier de 5000 euros de la part de la ZARG en 2025.
*paraténique : un hôte paraténique est un hôte intermédiaire d’un agent parasite, dont la présence peut être nécessaire à l'achèvement du cycle biologique de ce dernier, mais dans lequel aucun développement du parasite n'intervient.
Contacts:
Damien JOUET, ESCAPE, URCA
Projet ELSA
Le projet ELSA vise à établir un état des lieux de la répartition des pathogènes les plus courants des amphibiens anoures en Argonne, dans un contexte de conservation d’une espèce protégée : le Sonneur à ventre jaune.
Il est aujourd’hui admis que les amphibiens sont le groupe animal le plus menacé au monde avec 41% des espèces en danger d’extinction. On connaît les menaces qui pèsent, au niveau mondial, sur ces espèces fragiles. En revanche, à l’échelle très locale, de nombreux changements sont apparus ces dernières années et il est difficile d’identifier clairement quelle est la part de chacune des pressions s’appliquant aux espèces dans leur déclin.
En Argonne, le Sonneur à ventre jaune est une espèce emblématique connaissant, dans une de ses populations (La Croix-aux-Bois, 08), un rapide effondrement de ses effectifs. Plusieurs causes potentielles peuvent expliquer ce déclin, comme les changements de pratiques forestières, les sécheresses à répétition, les espèces exotiques envahissantes, les maladies introduites.
Le projet ELSA aura trois objectifs :
- Etablir un état initial de la prévalence des maladies les plus courantes chez les amphibiens anoures liées à trois pathogènes parmi les plus répandus et potentiellement graves, à savoir Batrachochytrium dendrobatidis , Ranavirus et Herpesvirus), et faire de l’Argonne un territoire pilote de suivi de ces maladies dans un contexte de changements globaux;
- Rechercher un lien de causalité entre l’effondrement des populations du Sonneur à ventre jaune (espèce protégée patrimoniale) dans le massif de la Croix-aux-Bois, et la présence de ces pathogènes;
- Etablir un risque sanitaire pour l’apport de Sonneurs extérieurs à l’Argonne dans le projet de renforcement de la population de Sonneur à ventre jaune à la Croix aux Bois.
Cette connaissance nous permettra d’évaluer le risque sanitaire lié à l'apport d'individus issus d’autres populations, dans le projet final de renforcement de cette population de sonneurs. Le risque serait bien d’apporter des pathogènes en même temps que des sonneurs.
Enfin, l’étude de ces pathogènes à l’échelle du massif ferait de l’Argonne un territoire pilote pour le suivi des changements et des pressions appliquées aux amphibiens.
ELSA va recevoir un soutien financier de 5000 euros de la part de la ZARG en 2025.
Contact:
Maden LE BARH, CERFE, URCA
Crédit photo:
- Photo n°1: Mollusques d’eau douce hôtes intermédiaires de parasites des oiseaux, analysés dans le cadre du projet ERIZOM (crédit photo: Damien JOUET).
- Photo n°2: Photographie aérienne de la tourbière des marais de Germont - Buzancy, terrain du programme POLAR. Au premier plan apparaît la tourbière non exploitée. Les saules tendent à coloniser ce milieu ouvert. Au second plan apparaissent les étangs créés par les anciennes fosses d’exploitation de la tourbe. La rivière Bar a été canalisée et longe la tourbière à droite sur la photo. On peut voir également sur la droite des prairies inondées suite à la construction de barrages de castors (crédit photo : Olivier LEJEUNE).
- Photo n°3: Prélèvement buccal réalisé sur un crapaud commun pour rechercher la présence de pathogènes dans le cadre du programme ELSA (Crédit photo : Clémence Alleman).
- Photo n°4: Les prélèvements de poils de chevreuils du projet AUPOIL sont en partie réalisés sur les chevreuils capturés dans le cadre du programme METHAFAUNE. L’expérience n’est visiblement pas traumatisante pour cette chevrette capturée en janvier (photo de gauche), qui est revenue plusieurs fois dans le piège pour profiter des appâts aimablement laissés à sa disposition (photo de droite, on peut voir son collier GPS, crédit photo : CERFE).



