Revaloriser le patrimoine bâti en terre crue en Champagne
La terre crue ! Ce matériau de construction multimillénaire avait disparu depuis près d’un siècle des chantiers de bâtiment. Au mieux oublié, souvent dévalorisé et ignoré, il revient sur le devant de la scène par les questions environnementales.
Car le secteur du bâtiment a un fort impact sur l'environnement en termes de pollution, par son empreinte carbone et sa production de déchets. Chaque année en France le bâtiment et les travaux publics produisent environ 225 millions de tonnes de déchets, dont plus de la moitié correspond à de la terre non polluée. Depuis l’apparition des modes industriels de construction, la terre, qui avait été une ressource, est considérée comme un déchet.
Mais dans le contexte actuel, la construction en terre crue connaît un regain d'intérêt pour la possibilité d’utiliser un matériau local, réutilisable et à faible impact environnemental. De plus, ses capacités intrinsèques à garder la chaleur, réguler l’humidité et l’acoustique lui confèrent une grande aptitude à améliorer le confort intérieur.
Or, on trouve partout en France un très grand nombre de bâtiments construits en terre, issus de cultures constructives développées sur le temps long, qui constituent la partie visible des savoir-faire oubliés et de la diversité culturelle.
Dans l’ex région Champagne-Ardenne, on retrouve deux types de construction en terre : le torchis, mélange de terre de paille inséré dans une structure en pans de bois, et la brique de terre crue, appelée localement « carreau de terre ». Ces briques étaient généralement moulées et laissées sécher à l’air libre.
L’étude menée par le GEGENAA porte spécifiquement sur les carreaux de terre. Cette recherche s’intéresse d’une part à la compréhension des stratégies de mise en œuvre qui ont permis à ces constructions de durer dans le temps et d’autre part aux types de terres utilisées. Malgré des travaux réalisés dans les années 80, portés par le Parc Naturel Régional de la Montagne de Reims, il manque aujourd’hui des outils permettant d’établir les potentialités et les spécificités de ce matériau dans les constructions sur les différentes micro-régions de Champagne-Ardenne. La connaissance de ces spécificités permettrait d’inventorier et de partager la connaissance des usages de la terre crue dans la réhabilitation des bâtiments traditionnels. Elle permettrait aussi de proposer une méthodologie pour penser l’utilisation de la terre dans l’architecture d’aujourd’hui.
La première année de recherche a permis de mettre à jour la cartographie de ce patrimoine en carreau de terre qui correspond principalement à la Champagne crayeuse. Mais ce travail montre aussi des constructions en carreaux de terre en Champagne humide et notamment sur la frange ouest de la ZARG, principalement utilisés en remplissage de pan de bois. Et il semble que la terre utilisée pour la réalisation de ces briques soit différente de celle que l’on retrouve sur le plateau crayeux, ce qui en fait sa particularité.
Nous sommes à la recherche de carreaux de terre de ce secteur afin de pouvoir déterminer la composition de ces briques. Si vous avez en votre possession des carreaux de terre que vous accepteriez de nous céder, n’hésitez pas à entrer en contact avec Adrien Aras.
Contacts :
Adrien Aras-Gaudry, Université de Reims Champagne-Ardenne, GEGENAA
Université Gustave Eiffel MAST/GPEM, Campus de Nantes, France
Gilles Fronteau, Université de Reims Champagne-Ardenne, GEGENAA
Erwan Hamard, Université Gustave Eiffel MAST/GPEM, Campus de Nantes, France
Légendes et crédits des photos :
-> Carreaux de terre insérés dans du pan de bois / Possesse (51) (Crédits: Adrien Aras-Gaudry)

