Recherche impliquée : lien entre connaissances et gouvernance du système socio-écologique.

Toute transformation territoriale vers le développement durable fait un usage intensif des connaissances et, notamment, de celles issues de la recherche scientifique et de l’innovation. La plupart des problèmes écologiques ne seraient même pas connus sans l’apport de la science et de la technologie. En Argonne, la question se pose de savoir comment l’environnement a été impacté par la Grande Guerre et continue à l’être par d’autres facteurs anthropiques et non-anthropiques. La recherche scientifique joue un rôle fondamental dans la boucle de rétroaction entre le contexte environnemental et le cadre socio-économique mais elle n’est pas le seul type de connaissance disponible. Les autres savoirs jouent également un rôle central. Les connaissances mobilisées dans l’action collective autour de ce système socio-écologique dépendent grandement du cadre socio-économique et, notamment, de la configuration des acteurs impliqués dans le processus de gouvernance, ainsi que du cadre normatif, discursif et pratique en place. Ces connaissances interagiront donc avec l’ensemble du système de gouvernance. La mise en place de la ZARG, ainsi que de l’Entente argonnaise et des projets de labellisation du territoire (Parc Naturel Régional, Marque Argonne, Destination Argonne, etc.), représentent des changements importants dans la configuration des acteurs impliqués dans la gouvernance de l’Argonne et sont une ’occasion pour la mise en place d’une démarche de recherche-action pour mieux comprendre le lien entre connaissances et gouvernance, ainsi que l’action collective qui peut contribuer à une gestion adaptative et parfois transformative du système socio-écologique.

Contact : remi.helder@cerfe.com

Recherche impliquée

Le rôle de la science et des scientifiques dans la gouvernance au niveau national et international a été l’objet d’un grand nombre d’études. Ce n’est pas le cas au niveau infranational et en particulier dans un contexte rural comme l’Argonne.

Est-ce que l’éloignement des centres habités et la faible densité de la population ont un impact sur la recherche scientifique et sur la participation de celle-ci à la gouvernance du système socio-écologique ?

Y a-t-il des effets de seuil et des masses critiques ?

La thématique « Recherche impliquée » vise, tout d’abord, à répondre à la question du rôle de la science et des scientifiques à l’interface entre la sphère politique et la société : neutralité scientifique, ingérence de la politique, militantisme des scientifiques ou co-production.

Elle doit ensuite s’attacher à comprendre dans quelle mesure et de quelle manière les chercheurs et le discours scientifique peuvent contribuer à façonner la représentation des enjeux écologiques et la nécessité d’agir au niveau territorial.

Est-ce qu’une interaction directe entre des projets de recherche scientifique peut simultanément aboutir à des changements dans la manière de produire et de consommer, identifier les trajectoires socio-écologiques de cet espace et permettre une participation accrue aux transformations territoriales vers le développement durable ? Finalement, cette action s’intéresse, d’une part, aux types d’action collective possibles entre institutions, scientifiques et citoyens et, d’autre part, aux différents instruments de mise en œuvre qui peuvent être issus de ces interactions, y compris les supports communicationnels, les instruments réglementaires et financiers, ainsi que les formes de mise en œuvre directe par les différents types d’acteurs impliqués (projets de thèses 2020-2024 SCIDEVTER).

Cette démarche réflexive sur le rôle que peuvent jouer la recherche et les scientifiques par rapport aux acteurs sur le territoire doit permettre de mieux comprendre le positionnement des chercheurs de la ZARG dans les configurations d’acteurs qui participent à la gouvernance du territoire argonnais, afin d’appréhender et, si possible, résoudre des problèmes concrets, par exemple de pollutions ou de relations homme-faune. En effet, les activités du territoire de l’Argonne interrogent la possibilité d’une co-construction d’un territoire qui puisse articuler les enjeux de la biodiversité avec les usages locaux de l’environnement. À partir de cas d’étude qui opèrent la transition écologique à l’échelle du territoire de l’Argonne, il est pertinent de soulever l’enjeu de la reconnaissance des « savoirs d’usage » dans l’énonciation de solutions écologiques. Ce questionnement contribue à la mise en œuvre de l’action inter-Zones Ateliers « expérimentation socio-écologique » et à la réactivation et au développement de l’action transversale « gouvernance des systèmes socio-écologiques » dans le cadre d’un nouveau projet inter-Zones Ateliers.

Sites ateliers : Domaine de Belval (Forêt) ; Marais de Germont, Etangs de Belval (Zones humides) ; ZARG (ensemble)

Le territoire de l’Argonne est un cas d’étude qui se prête à l’étude du système socio-écologique en privilégiant une approche intégrée couplant les sociétés et leur environnement et en cherchant à comprendre leur coévolution. La recherche scientifique est un élément important du système social. Or, la science est souvent compartimentée dans des champs disciplinaires, au risque d’une relation distendue avec le restant de la société. Cependant, des processus de recherche interdisciplinaire et transdisciplinaires (Figure 9) cherchent à faire dialoguer les disciplines et les différents types d’acteurs, pour renouer le lien entre problématiques scientifiques et problèmes sociétaux d’un côté, discours et pratiques scientifiques et sociétaux de l’autre.

Dans l’anthropocène et dans un pays fortement artificialisé comme la France, il est désormais impossible de mener des recherches scientifiques sur des questions environnementales sans considérer les dimensions sociales, économiques, culturelles et politiques. Les pratiques sociales impactent fortement le contexte environnemental tandis que la qualité de vie et le bien-être de nos sociétés dépendent des biens et services écosystémiques comme de la fonctionnalité des écosystèmes qui les produisent. La mise en place de processus de recherche interdisciplinaire et transdisciplinaire vise à faire le lien entre la recherche en sciences humaines et sociales (SHS) et en sciences exactes et naturelles (SEN) dans le cadre du projet ZARG. En particulier, elle vise à encourager la participation des SHS en amont et/ou en aval des projets réalisés (projet CPER SUIVI) qui contribuent à la définition des questions de recherche et/ou à l’appropriation des résultats par la société. Par exemple, nous souhaitons développer des approches innovantes en socio-écologie de la biodiversité et favoriser un dialogue des disciplines (écologie, sociologie, agronomie, droit, etc.) sur des objets (protection et pollution des sols, zones humides, conflits homme-faune, etc.) à l’interface d’une diversité d’approches. Ce projet contribue aussi à la mise en œuvre de l’action transversale « SHS » du réseau des Zones Ateliers.

Sites ateliers : Domaine de Belval, Bois de la Gruerie (Forêt) ; Marais de Germont, Etangs de Belval (Zones humides) ; ZARG (ensemble).