TRANSAAT : un projet de recherche pour développer les circuits alimentaires de proximité
La nécessité de modes de production agricole plus respectueux de l'environnement et plus proches des territoires de consommation s'impose à une échelle bien plus large que la France.
L’agriculture de 2023 est toujours dominée par des systèmes agricoles très consommateurs en ressources non renouvelables (engrais, pesticides, fuel,…) et s’inscrit surtout dans des filières longues. En effet, la plupart des produits agricoles ne sont pas transformés et consommés sur place, mais le plus souvent exportés à plusieurs centaines de kilomètres. Toutefois, ces dernières années, le Grand Est a vu l’émergence d’une trentaine de Projets Alimentaires Territoriaux (PAT).
De tels projets œuvrent à favoriser la consommation de produits alimentaires à la fois issus des productions agricoles du territoire et obtenus grâce à des modes de production agroécologiques, c’est-à-dire soucieux de la préservation des ressources naturelles (eau, sol, énergie …) et de la biodiversité.
On parlera alors de « systèmes agri-alimentaires territorialisés (ou translocaux) ».
Le développement de l’agroécologie et des circuits alimentaires de proximité présente toutefois des marges de progression, et les projets (PAT) tentent d’y contribuer. Se pose alors la question des modèles, des échelles et des politiques propices à leur mise en œuvre. De manière concomitante, dans les pays frontaliers constitutifs de la Grande Région, se déploient des Conseils de Politique Alimentaire, les CPA, qui coordonnent la mise en œuvre des systèmes agri-alimentaires.
Co-construit par une trentaine de chercheurs et d’acteurs du développement agricole ou territorial, le projet de recherche TRANSAAT* investit 12 territoires (cf. carte). Un de ses premiers objectifs est de construire une typologie des différentes modalités et trajectoires de conversion à l’agroécologie des systèmes de production agricoles au sein des territoires étudiés. Une deuxième étape va consister à étudier les flux de produits agricoles de « la fourche à la fourchette » au sein du territoire, et pour cela, les chercheurs vont utiliser des méthodes permettant d’animer la recherche d’une relocalisation aux échelles locales et régionales [1].
Les modalités et échelles de la coopération territoriale intéressent un troisième volet de recherche, pour travailler la convergence entre différents objectifs des politiques publiques, à savoir la relocalisation des productions agricoles, la protection des ressources en eau et la planification territoriale, et ce, en collaboration étroite avec les porteurs de PAT et CPA. Les retombées opérationnelles pourraient concerner les territoires à ce jour dépourvus de PAT, comme l’Argonne et donc la ZARG !
Ainsi, l’ambition du projet de recherche TRANSAAT est de permettre que l’agriculture et l’alimentation se situent au centre des actions de coopérations transfrontalière/transnationale, pour favoriser l’émergence de systèmes agri-alimentaires translocaux un peu partout en Europe
* TRANSAAT : TRANSition des systèmes Agri-Alimentaires Territorialisés
Référence :
[1] Ces méthodes font partie des méthodes dites “protométaboliques”. À la différence des approches métaboliques qui mobilisent des enquêtes de flux réels, le protométabolisme « se construit à partir de bases de données disponibles [pour des modélisations] reproductibles et automatisables » à l’échelle infrarégionale (Grillot et al., 2021).
Contact :
Pierre Guillemin, INRAE - ASTER Mirecourt
Figure 1 : Carte descriptive des partenaires du projet TRANSAAT