Fonctionnalité de l’écosystème, production de services écosystémiques et bénéfices tirés du système socio-écologique.

Les fonctions écologiques sont des phénomènes résultant de la combinaison de l’état des écosystèmes, des structures et des processus écologiques. Elles sont, d’un point de vue anthropocentré, toutes plus ou moins directement à l’origine de services écosystémiques au bénéfice de la société. Ces fonctions seront examinées au regard des biens produits et des services rendus pour identifier des leviers pour le soutien et la valorisation des bénéfices fournis au niveau socio-économique et pour gérer et, si approprié, réduire les nuisances.

Contact : marie-lazarine.poulle@univ-reims.fr

Fonctionnalité paysage

Les études orientées sur la fonctionnalité des écosystèmes sont conduites à l’échelle de la ZARG ou ciblent les différents types de paysage qui la composent : forêts, prairies bocagères, plaines de grandes cultures, rivières, étangs, ainsi que des petites villes et villages.

Les études consacrées à la connectivité du territoire portent sur les mammifères terrestres et s’appuient sur les travaux menés depuis 2012 par le CERFE dans ce domaine. L’attention est portée aussi sur la nuit et sur la trame noire, particulièrement remarquable en Argonne. Axé sur une approche fonctionnelle, l’impact des infrastructures de transport et des pratiques agro-sylvicoles sur le déplacement de la faune, donc sur la survie des populations, est évalué au niveau génétique et comportemental (suivi des déplacements d’animaux par collier GPS, pièges photographiques et accidentologie). Ces travaux sont associés aux problématiques de circulation des zoonoses et des espèces invasives et les prélèvements associés viennent enrichir les échantillons bancarisés. Une attention particulière est portée aux solutions de mise en transparence des éléments du paysage qui peuvent représenter des barrières pour le déplacement des animaux, en partenariat avec les acteurs locaux et régionaux (chambres d’agriculture, fédérations des chasseurs, Direction interdépartementale des Routes, DREAL). Les travaux ciblés « écosystème » s’intéressent, entre autres, aux fonctions d’assainissement de l’eau et de régulation des marais, en s’appuyant sur les opérations de gestion déjà mises en place dans le cadre de Natura2000. Les résultats des études sont transcrits en termes de recommandations de gestion au profit de nos partenaires, dont notamment le conservatoire des espaces naturels et les gestionnaires des sites. D’autres travaux peuvent viser les fonctions de stockage de CO2 des forêts, des cultures et des tourbières, de pollinisation et de régulation naturelle des bio-ravageurs par les auxiliaires de cultures, en partenariat avec les acteurs et structures impliquées.

D’une manière transversale, le maintien d’une biodiversité importante influence la résilience des écosystèmes et de leurs fonctions et, donc, la production de services. Dans le contexte actuel de changement environnemental, la surveillance d’indicateurs de biodiversité à l’échelle de la ZARG doit fournir des informations primordiales sur l’état de santé des écosystèmes et de leur fonctionnalité. Le volet d’action visant à évaluer l’état de la biodiversité doit se concrétiser par la mise en place d’un suivi de populations d’oiseaux à long terme (programme « points d’écoute », à développer sur un protocole commun aux Zones Ateliers) et par des études sur les espèces invasives (programme « raton-laveur »). Ces travaux sont renforcés par des programmes de conservation d’espèces patrimoniales, en particulier le sonneur à ventre jaune, l’abeille noire, la cigogne noire et la loche d’étang, assurant par ailleurs la protection de sites sensibles par un effet parapluie.

Sites ateliers : Domaine de Belval (Forêt) ; Marais de Germont, Etangs de Belval (Zones humides) ; Forêt de Signy l’Abbaye (Forêt) ; ZARG (Paysages)

La société tire un grand nombre de bénéfices de l’environnement mais celui-ci peut aussi être source de nuisances. Les biens et services de production, de régulation ou d’apports culturels étudiés sont à examiner sous l’angle des avantages et inconvénients qui en découlent en termes économiques, sanitaires, de réduction du risque, de qualité de vie, etc. Par exemple, du côté économique, sont à évaluer les services écosystémiques fournis par les zones humides et les dégâts provoqués par l’ennoiement des pâtures. Des études doivent aussi porter sur les conflits homme-faune engendrés par certaines espèces comme les castors. Toujours à titre d’exemple, du côté sanitaire, nous nous intéressons aussi au lien possible entre modification du paysage, biodiversité, changements climatiques et gestion cynégétique sur la distribution de tiques et moustiques et sur les maladies transmises par ces vecteurs. La région Grand Est est en effet un point chaud pour la maladie de Lyme, par exemple.

Par ailleurs, comme la forêt d’Argonne est riche en essences d’arbres autochtones, une action à long terme sur la ZARG consiste en la valorisation des écorces de ces arbres, notamment pour l’extraction de principes actifs à usage médical et pharmaceutique. Elle sera prolongée et complétée par des recherches en économie sur l’évaluation des biens et services écosystémiques produits non seulement par les essences, les pollinisateurs et la régulation naturelle, mais aussi par le système socio-écologique dans son ensemble. La valorisation de ces biens et services écosystémiques est aussi analysée avec des finalités d’éducation, d’insertion professionnelle, de qualité de vie, d’habitat et de tourisme. L’approche employée est celle de l’évaluation participative, mise en œuvre en collaboration avec les acteurs sur le territoire.

Sites ateliers : Domaine de Belval (Forêt) ; Marais de Germont, Etangs de Belval (Zones humides) ; ZARG (Paysages)